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Karpov, waiting for Bobby (1969-1975).




Auréolé de son titre de champion du Monde Junior, Karpov est autorisé à participer, avec Stein, à son premier tournoi d'échecs International en Occident, à Caracas, au Vénézuéla. Tolya finira 5eme avec un +8, =7 et -2, dont une défaite retentissante contre le vieux briscard yougoslave, Borislav Ivkov, alors que le champion soviétique avait refusé une proposition de nulle !


La voie vers le titre suprême ne serait donc pas un paisible chemin ! Des critiques, déjà, pointaient la combativité incertaine du jeune champion, qui avait tendance à trop faire de nulles et à respecter un peu trop ses aînés selon Micha Tal ! Il est vrai que lors du 38th championnat d'URSS, à Riga, en cette année 1970, Karpov fit 14 nulles ! D'ailleurs, au cours de ce championnat, il reçut une leçon en finale contre un certain Korchnoi qui fut sacré champion, reléguant son dauphin, Tukmakov, à 1,5 points . Tolya finit 5eme avec 12 points sur 21. Véritable marathon échiquéen, le champion d'URSS était, à l'époque, le plus fort tounoi du monde, ce qui pouvait expliquer quelques passages à vide du champion du Monde Junior, notamment contre l'obscur Oleg Dementiev, où Anatoly testa la défense Alekhine ...

L'année suivante, en 1971; un match amical l'opposant à Viktor Korchnoi, à Léningrad, se termina sur un score de parité. Dans la 6eme partie, le jeune espoir soviétique se permit de mater le vieux briscard !


A Léningrad, pour le 39th championnat d'URSS, Karpov fut encore un peu juste dans un tournoi gagné par l'invité surprise, le maître ukrainien Vladimir Savon, qui devança deux champions du Monde !! Toujours 5eme, comme l'année précédente, Tolya démontra qu'il ne fallait pas réveiller le tacticien qui était en lui, Tseitlin en fit les frais en le défiant sur l'Espagnole avec le gambit Jaenisch !

Mais le jour de gloire de cette année 1971, arriva en ce froid mois de décembre, au Mémorial Alekhine, à Moscou. Devant le gratin des échecs mondiaux, Karpov neutralisera Spassky, Petrossian et Tal, avant d'occire Vlastimil Hort, dans la 11eme ronde, pour gagner le tournoi, au départage, face à Léonid Stein.

Botvinnik dira à Kotov, après ce triomphe:

"Rappelle-toi ce jour. Une nouvelle star des échecs vient de naître !"

Dans la revue 64, Petrossian se montrait dithyrambique sur le jeu karpovien :

"Je pense que Karpov est, aujourd'hui, notre principal espoir échiquéen, et qu'il sera, dans quelques années, une barrière insurmontable sur le chemin du titre suprême pour les joueurs occidentaux."

C'est Boris Spassky, le champion du Monde en titre, qui allait défendre son titre contre Robert Fischer, qui dut être content de ces déclarations !

Peu après l'exploit moscovite, Tolya remettait le couvert à Hastings, en partageant la première place avec Korchnoi, qui prit sa revanche de Moscou sur une Trompowsky !

Aux Olympiades de Skopje, en 1972, il tutoie les sommets avec un score de 13 points sur 15 et le new-yorkais Arthur Bisguier va se faire tactifier contre le jeune prodige soviétique !

L'ancien champion du Monde, Mikhaïl Tal, rendit hommage à la nouvelle étoile des échecs soviétiques, après le tournoi :

"C'est à Skopje que je me suis aperçu du talent de Karpov. Jusqu'alors, malgré ses bons résultats, je n'ai pas impressionné par son style de jeu, d'un point de vue créatif."


La FIDE décida alors qu'en tant que champion du monde Junior, Karpov serait qualifié directement pour l'Interzonal, , ce qui permit à Tolya d'aller jouer, avec Keres et Petrossian, le super-tournoi de San Antonio. L'organisateur du tournoi, George W. Church Jr à la tête d'une compagnie de restauration rapide, avait organisé son Church's Fried Chicken International avec 4 000 $ de prix au vainqueur, dans l'espoir d'attirer Bobby Fischer. Mais ni l'américain ni Spassky ne vinrent à San Antonio, et c'est Lajos Portisch qui,au départage devant Petrossian et Karpov, rafla la mise ! La profondeur stratégique d'Anatoly va s'illustrer à merveille contre Gligoric, avec ce 42.Dg1 ! que le champion expliqua de la sorte

« 1°) Les Noirs ont une seule faiblesse, c'est le pion c5. Mettre la pression sur ce pion permettra de river les pièces adverses à sa défense et de limiter leur manoeuvrabilité. 2°) La meilleur case pour le roi blanc est f3, à l'abri des échecs adverses et surprotégeant le Fou en g4 et libérant la diagonale g1-a7 pour la batterie Fou-Dame. 3°) Les blancs doivent lutter pour le contrôle de la colonne « h » et développer aussi leur initiative sur l'aile-roi. Mais au moment favorable, ils pourront faire porter le poids de leur offensive sur l'aile-dame, profitant de la grande mobilité de leurs forces." Voici la partie:

Mais Karpov se prit une magnifique combinaison par le hongrois Lajos Portisch et dut déposer les armes pour offrir la victoire à son adversaire !


Au même moment, à Santa Monica, un certain David Bowie faisait étape dans la ville, pour son Ziggy Stardust Tour !

Il m'étonnerait que le sage Tolya ait assisté au concert du fantasque Ziggy ! Par contre, Santa Monica fut l'occasion pour le jeune prodige de recontrer The King, Robert Fischer, himself ! Les organisateurs avaient invité Bobby pour donner le coup d'envoi de la dernière ronde, et le champion américain se distingua par son retard, ce qui repoussa d'un quart d'heure le début des parties ! Petrossian, guoguenard s'exclama alors:

"Fischer ne se contentait pas d'arriver en retard lors de ses propres parties, mais qu'il l'était aussi pour les parties des autres !" L'ancien "kid de Brooklyn" serra la main à tous les joueurs et ça sera la première, et la dernière fois, que Karpov verra Fischer ! L'année 1973 verra l'organisation des deux Interzonaux, l'un à Pétropolis, au Brésil, dans l'antre du prodige brésilien, Henrique Mecking, l'autre à Léningrad, pour désigner les futurs candidats au titre mondial. Si Mecking gagna au Brésil, Korchnoi et Karpov survolèrent l'Interzonal de Léningrad et finirent à 13,5 points. Le GM philippin, Eugenio Torre essaya de surprendre Karpov avec son Alekhine, mais sa Dame ne résista pas au jeu du jeune russe ! Face à Quinteros, qui jouait la variante Najdorf, Karpov montra comment il allait traiter la variante du pion empoisonné, un avertissement sans frais pour Fischer, grand expert de cette ligne !


Lors du 41th championnat d'URSS, Boris Spassky, déchu de son titre à Reykjavik, démontra qu'il n'était pas fini, en remportant la mise devant Karpov, Petrossian, Polougaievsky, Korchnoi et Kuzmin !

Contre Karpov, Viktor le terrible, abandonna sa partie lorsqu'il joua 41.h4.

Pourquoi cet abandon ?

Après ce championnat d'URSS, Karpov expliqua qu'il n'avait pas joué libéré, car il devait garder ses préparations secrètes pour affronter Polougaievsky, dans son quart-de-finale du match des Candidats.

Le dernier tournoi avant son match contre Polou, fut le super-tournoi de Madrid, auquel Karpov et son entraîneur, Semyon Furman, participèrent, pour terminer 1er et 3eme !! La partie contre Roberto Calvo illustre à merveille le style karpovien, variante "boa constrictor" ! En effet, dans cette partie, jusqu'au 31eme coup, aucun pion et aucune pièce ne furent échangés, mais, déjà, la position était stratégiquement gagnée pour le soviétique !

Robert Fischer suivait le parcours du jeune prodige soviétique, puisque d'après le témoignage de Tal, l'été 1973, alors que Karpov donnait une simultanée à Berlin, une femme, reconnue comme la mère de l'américain, se serait approchée du champion pour prendre des photos !


Le début 1974 voyait les quarts de finale des Candidats commençer ! Lev Polougaevsky, 39 ans,


se dressait sur la route de Tolya. Très à l'aise dans les positions tactiquement complexes, Furman conseilla à son poulain de ne pas rentrer dans des positions où la tactique serait reine, donnant à son adversaire des armes pour le combattre !

Dans ce match, Karpov scora trois fois contre la Najdorf de Polou, pourtant grand expert de la Sicilienne ! Parfois la traitant de manière positionnelle, comme dans la 4eme ronde, ou la combattant de manière plus belliqueuse, comme dans la 6eme ronde !

L'apparente facilité avec laquelle Karpov avait écrasé les Najdorf de Polougaevsky était un signal fort envers Fischer, grand fan de ladite Sicilienne !


A San Juan, à Porto-Rico, Boris Spassky était venu facilement à bout de Robert Byrne et se dressait dorénavant contre le jeune espoir soviétique ! L'ex-champion du Monde était revenu en grande forme après sa victoire au 41th championnat d'URSS et aspirait à prendre sa revanche contre l'américain.

Sa victoire lors de la 1ere ronde du match, laissait présager une victoire facile pour Spassky !


Spassky, avait mis fin à 25 parties consécutives sans défaite, pour Karpov. Le futur champion du Monde revint sur cette déconvenue, après son match :

"J'avais pris froid, la veille, et je ne me sentais pas très bien le jour de cette première partie. J'ai choisi une ligne compliquée qui demandait beaucoup de calculs et j'ai surestimé ma résistance physique. [...] Paradoxalement, cette victoire a joué un mauvais tour à Spassky, qui a pensé que ce match serait facile pour lui !"

3eme ronde, et Karpov abandonna son 1.e4, pour éviter la Sicilienne de son adversaire, et, avec 1.d4, se décidait pour un jeu plus positionnel qui lui convenait mieux ... Choix gagnant, puisque Tolya massa Boris et égalisa !

9eme ronde et Karpov qui se sent assez fort pour rejouer 1.e4, et affronter la Sicilienne de Spassky. Et le talent positionnel du champion en herbe va alors parler, avec cet incroyable 24. Cb1 !!, coup karpovien s'il en est, dont l'objectif était uniquement d'améliorer la position d'une pièce mal placée ! Superbe partie conclue par une combinaison gagnante, et un score de +2, pour Tolya !

Spassky ne se remit jamais de cette défaite et perdit même la 11eme partie et le match ! Lorsqu'on demanda, bien plus tard, à Karpov, quel fut le match où il tutoya les sommets, Anatoly parla de cette rencontre où il terrassa l'ancien champion du Monde, résultat qui impressionna beaucoup de monde et qui dut inquiéter un certain Fischer, qui vit son adversaire malheureux de 1972 se faire écraser par le nouveau venu !


Certains, d'ailleurs, expliquèrent cette défaite par la défection, peu avant le match, du secondant de Spassky, Efim Geller, qui rejoignit le clan karpovien. Mais si ce dut être un coup dur pour l'ancien champion du Monde, celui-ci n' a jamais argué de cette "trahison" pour expliquer sa défaite.

Après s'être défait d'Henrique Mecking, Korchnoi avait terrassé son ennemi intime, Tigran Petrossian, sur le score de 3 à 1,


Korchnoi était un spécialiste de l'Anglaise, ouverture peu jouée à haut niveau, à cause des maigres perspectives qu'elle promettait dans le milieu de jeu. Il pouvait jouer aussi des débuts peu orthodoxes, comme son début Larsen contre Mecking, qui ne promettaient aucun avantage particulier. Mais l'homme était très fort dans les milieux de jeu sans les Dames et il excellait dans les phases finales dans lesquelles il avait surpassé Petrossian, c'est pour dire ! L'arménien s'était d'ailleurs fait mater, à la surprise générale, lors de la 1ere ronde du match !!

En fait, si Karpov avait un jeu plus classique que Korchnoi, préférant les ouvertures du pion roi et du pion dame, les deux hommes avaient des styles assez proches, préférant les longues manoeuvres aux attaques frontales, excellant dans les phases finales, promettant un match assez serré !

Notons qu'avant le match, les deux hommes furent partenaires lors des Olympiades de Nice, à laquelle refusa de participer Bobby Fischer, et qui vit Karpov gagner la médaile d'or au 1er échiquier !


(Ulf Andersson contre Karpov, aux Olympiades de Nice)

Korchnoi avait planifié une stratégie, pour contrer Karpov : varier les défenses avec les Noirs pour déstabiliser son adversaire et compter sur sa plus grande expérience des schémas de jeu pour faire la différence dans le milieu de jeu ...Une stratégie qui va rapidement échouer, puisque dès la ronde 2, le Dragon de Korchnoi va se faire terrasser par Karpov !


Viktor le terrible, trop confiant en lui, avait joué une ouverture en double-tranchant contre son jeune adversaire, voulant forcer son destin ! Il se retrouvait donc avec une longueur de retard dès la deuxième ronde !

2eme étage de la fusée Korchnoi, à la 6eme ronde, la Défense Petrov, sensée perturber Karpov ...mais qui se termina encore par une défaite pour les Noirs !

Alors que les deux joueurs se neutralisaient dans les 10 parties suivantes,


Karpov arriva à résister à l'attaque de Korchnoi et à porter l'estocade ! Anatoly menait donc par 3 à 0 et le match semblait plié !

Mais la particularité d'un Korchnoi, par rapport à un Spassky, c'était l'extrême combativité du bonhomme ! Lorsqu'on a vécu le siège de Léningrad par les allemands, durant la seconde guerre mondiale, on peut survivre à tout, même à l'ouragan Karpov !

Lors de la ronde 19, Viktor ressort la Trompowsky de la naphtaline et va gagner une finale de Tours certainement égale !


A la surprise générale, Korchnoi récidivait lors de la 21eme ronde en miniaturisant Karpov !!


Incroyable scénario qui était en train de se produire à Moscou, avec un Viktor qui revient en force et un Anatoly semblant s'effondrer sous la pression !!

Il restait 3 rondes à Korchnoi pour égaliser, le suspens était encore complet !

Lors de la 22eme ronde, Karpov utilisa un début solide avec les Blancs, l'Anglaise, ouverture qu'il n'avait quaisment joué, et dont Korchnoi était le spécialiste ! Nulle en 30 coups.

23 eme ronde et nulle en 29 coups ...

24 eme ronde et nulle en 31 coups ...

Korchnoi était-il fatigué ? Résigné ? En tout cas ces nulles rapides alors que le joueur de Léningrad avait besoin d'une victoire pour égaliser me semblent assez curieuses et peu conformes avec la réputation du joueur !

Karpov gagnait donc ce match par le score de +1,


A 23 ans, le joueur de Zlatooust,


gagnait le droit d'affronter Bobby Fischer pour le titre suprême !

Mais le génie américain, qui avait terrassé l'ogre soviétique en 1972, n'avait plus joué en partie officielle depuis 1972, vivant quasi-reclu dans sa tour d'ivoire !


Le champion du monde essaya d'abord d'imposer ses propres règles à la FIDE, en demandant que le vainqueur serait celui qui atteindrait, le premier, 10 parties gagnées sans limitation de parties. La Fédération Internationale refusa les désideratas de Fischer, tenant aux règles régissant les finales du championnat du Monde depuis le Congrès de Paris, en 1949 et confirmées lors du Congrès de Nice, en 1974, qui signifiaient que le vainqueur serait celui qui aurait le plus de points après 24 rondes, le tenant du titre gardant sa couronne en cas d'égalité 12 à 12.

Fischer clama que les règles de la FIDE était injuste pour le tenant du titre et dans une lettre à Larry Evans, de novembre 1974, publiée par Chess Life, le champion américain écrivait:

"Steinitz, Chigorin, Lasker, Gunsberg, Zukertort, etc, ont tous joué avec le système que je propose, alors que les soviétiques prétendent que mes demandes concernant le futur match n'ont jamais eu de précédent !".

Le Président des échecs américains, Ed Edmondson, essaya de ramener Fischer à la raison,


mais rien n'y fit, et un Congrès extraordinaire de la FIDE, se réunit en mars 1975, à Bergen-aan-Zee, au Pays-Bas et réaffirma le primat des règles de la FIDE, pour l'organisation de la finale du championnat du Monde !

Devant le silence assourdissant du champion du Monde, Anatoly Karpov fut proclamé champion du Monde des Echecs le 1er avril 1975.


Beaucoup de monde a glosé sur l'attitude fishérienne et son refus de se soumettre aux règles de la FIDE. Quelques considérations personnelles sur les motivations du champion américain:

1°) Robert Fischer qui avait voué sa vie au jeu d'échecs, qui aspirait 98 % de son temps, d'après lui, était atteint du syndrome d'Asperger, forme d'autisme, pour les uns, d'une schizophrénie paranoïde pour les autres, ce qui pourrait expliquer ce monologue intérieur sourd aux sollicitations extérieures et donc ce rejet des règles de la FIDE, vu comme un organisme lui voulant du mal.

2°) Le titre mondial, et après ? Fischer a voué sa vie à acquérir le titre mondial qu'il a eu en 1972, en battant Spassky à Reykjavik. Que pouvait-il espérer après ce titre, à part le perdre un jour ? Horizon effrayant pour ce joueur singulier, que de garder son titre contre les soviétiques ! Pour ne pas perdre son titre sur l'échiquier, combat, à terme, perdu d'avance, il ne pouvait donc que le garder ,symboliquement en se retirant du monde et être champion du Monde pour toujours ! D'ailleurs, lorsqu'il revint parmi les vivants, en 1992, il recommença là où il s'était arrêté, en 1972, avec un match revanche, à Belgrade, contre ...Boris Spassky !


Pour Fischer, cette parentèse de 20 ans, n'avait pas existé, et il était toujours, pour lui, le champion du Monde des échecs !

3°) La menace Karpov. On sait que Fischer suivait les résultats de Karpov, étoile montante des échecs soviétiques contre qui il n'avait jamais joué. Or, le joueur de Zlatooust s'était montré impressionnant depuis 1972, progressant chaque année, alors que Bobby ne jouait plus, écrasant la Najdorf de Polougaesvsky, la défense fétiche de l'américain contre 1.e4, en 1974, en quart de finale des Candidats, battant aisément Boris Spassky, en demi-finale, pourtant 41eme champion d'URSS devant tout le gratin des échecs soviétiques, en 1973, et, enfin, battant le coriace Korchnoi ! On peut donc imaginer l'inquiétude d'un Fischer devant cette étoile montante qu'il n'avait jamais rencontré sur un échiquier ...Or, pour un Asperger, la routine est un pain quotidien, détestant la nouveauté ...Il est possible que Fischer eut joué la finale si son challenger fut Spassky ou Korchnoi, deux joueurs qui lui étaient familiers, mais pas contre cet inconnu de Karpov, qui avait terrassé toute la vieille garde soviétique ! L'américain aurait-il eu peur de rencontrer son challenger ? Associé à ses troubles psychiques, à l'oisiveté échiquéenne depuis son titre, il est fort possible que Bobby n'ait plus eu l'énergie nécessaire pour affronter son jeune adversaire, qui s'était sorti brillament des matchs des candidats et qui annonçait une ère nouvelle dans les échecs soviétiques et mondiaux !


Pour Karpov, ce titre par "défaut", fut une tragédie personnelle ! Comme il le précisa plus tard, le fait de ne pas jouer contre Fischer fut un rêve avorté, comme un enfant se trouvant devant un jouet cassé ! Curieusement, ce refus fischérien projeta l'américain dans le mythe et déligitima le titre du soviétique, gagné sur le tapis vert, les aficionados ne retenant que cette finale tronquée et oubliant les fabuleux matchs des Candidats de Karpov ! Tolya, victime des lazzis en Occident, stigmatisant ce champion incomplet, souffrira pendant longtemps de ce déficit de légitimité, faisant de lui le mal-aimé des échecs mondiaux, et les matchs suivants n'arrangeront rien ! Mais celà est encore une autre histoire !


Un documentaire de la télévision soviétique en 1975, retraçant l'entraînement du champion. On le voit avec sa famille, au début, puis avec son équipe, où l'on reconnaît Semyon Furman et Efim Geller. Un petit blitz contre Rafael Vaganian, sous l'oeil de Furman, avec ces pendules mécaniques blanches que tout "vieux" joueur d'échecs connaît.

La suite, avec une série d'autographes et Tigran Petrossian en train de blitzer tout en parlant. Et enfin, le titre mondial décerné par le Dr Max Euwe, président de la FIDE, après le refus de Fischer de rencontrer son challenger, avec Semyon Furman qui fête le titre en remplissant un verre de vodka !


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