C'est en décembre 2013, qu'au cours d'une rencontre en N3 Jeunes, à Aix-en-Provence, j'eu le plaisir de rencontrer Emmanuel Bricard qui accompagnait les jeunes de l'Echiquier Nîmois. Il y a fort longtemps, au début des années 90, l'ancien président de l'Echiquier du Roy René, Luc Renazé, m'avait déjà parlé de ce joueur atypique, passionné par les livres échiquéens et rebuté par les bases de données (Il a un peu changé, depuis). Toulousain d'origine, Emmanuel a commencé sa carrière échiquéenne chez les Jeunes, à la fin des années 70 et au début des années 80, tout seul, sans entraîneur, en dévorant les livres d'échecs. Il a développé un jeu atypique, fait de fianchetto et de Cavaliers à la bande, style original qui lui valut, parfois quelques déboires, comme cette super-miniature prise contre Emmanuel Apicella, en 1987. Désolé Manu, j'ai pas pu m'en empêcher !
Très tôt, avec les Noirs, il se passionne pour la Défense Française, contre 1.e4, avec un apprentissage qui ne fut pas de tout repos, comme cette défaite contre Watson, pas John, le spécialiste de la Française, mais William, son cousin !
Les Blancs jouent et gagnent.
Watson, W (2430)-Bricard, E (2310), Cap d'Agde op 1986, 1-0.
Mais la progression échiquéenne passe, nécessairement, par des défaites et le jeu original de notre toulousain n'est pas de tout repos. Car Emmanuel Bricard, c'est un peu l'imagination au pouvoir, loin des chemins bien balisés par l'orthodoxie échiquéenne, comme dans cette partie complexe jouée contre Olivier Renet, un joueur qu'il retrouva sur sa route vers le titre, en 1993, à Nantes.
Grand fan de l'ancien champion du Monde, Tigran Petrossian, Manu, passé Maître International en 1988, prit de l'assurance, au début des années 90, et accrocha à sa ceinture le scalp du Candidat Joel Lautier, meilleur joueur français de l'époque, et vint à bout d'un petit jeune, nommé Peter Leko, avec une Défense Pirc.
Séléctionné dans l'équipe de France pour les Olympiades de Manille, en 1992, il monta une belle attaque contre le futur Candidat Oleg Romanishin.
L'année 1993 fut glorieuse, car cette montée en puissance échiquéenne se traduisit par le titre de Champion de France Individuel, à Nantes, alors que Bricard était loin d'être favori ! A Nantes, c'est dans la dernière ligne droite que le toulousain va être efficace, comme contre Jean-Marc Degraeve :
Les Blancs jouent et gagnent.
Bricard, E (2440)-Degraeve, JM (2465), National Nantes (14) 1993.
Mais c'est à la dernière ronde que le titre va se jouer, contre Olivier Renet et Emmanuel ne va pas manquer l'occasion de conclure !
Les Noirs jouent et gagnent.
Renet, O (2505)-Bricard, E (2440), National Nantes (15) 1993.
Par la suite, Emmanuel fera plusieurs Nationaux, mais ne décrocha plus jamais le titre suprême. Il faut dire que la politique de formation dans les clubs, initiée par le feu Jean-Claude Loubatière, commençait à porter ses fruits et que de jeunes GMI français allaient apparaître sur la scène échiquéenne, comme Etienne Bacrot. Mais le toulousain gardait de beaux restes, comme dans cette combinette contre Christian Bauer, au National de Narbonne, en 1997.
Les Blancs jouent et gagnent.
Bricard, E (2450)-Bauer, C (2525), National Narbonne (10) 1997.
L'ancien "wonder kid" des échecs provençaux, Jean-Paul Sebban, malgré une attaque féroce, mordit la poussière contre Emmanuel, en 1999, à Saint-Affrique.
A Mulhouse, en 2004, contre la nouvelle génération, ce vieux briscard de Bricard va joliement tactifier Anthony Wirig :
Les Blancs jouent et gagnent.
Bricard, E (2450)-Wirig, A (2422), Mulhouse 2004.
Curieusement, Emmanuel Bricard dut attendre 2005, pour obtenir le titre de GMI,après une très belle année échiquéenne. Une jolie partie d'attaque contre l'ancien double champion de France et auteur du Nouveau guide des Echecs, en collection Bouquins, Nicolas Giffard.
Contre la Benoni de Gilberto Hernandez, le toulousain suivit un chemin peu usité, qui va s'avérer gagnant. Désormais, Emmanuel s'adonne surtout à la formation des Jeunes, à Nîmes, enseignant à la nouvelle génération son savoir encyclopédique. Il a eu la gentillesse de répondre à ma Blitz-Interview.
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