Après avoir bravé la pluie et les caprices du train pour Dragos, nous arrivons avec un peu de retard à la salle de jeu de Vitrolles. Nos adversaires, fair play, nous ont attendus et nous commençons donc le match sans retard à la pendule, et avec le statut de favoris. En effet, Vitrolles n'a pas pu aligner sa meilleure équipe, et l'objectif est donc de scorer aux deux derniers.
Très vite, Camille prend un bon avantage au 4, dans un gambit Benko parfaitement maîtrisé avec les Blancs. Il enchaîne tactique sur tactique (Fg5 ! Ca4 ! b6 !) puis finit par une transposition favorable en finale avec Tb1-Tb7. Une bonne partie pour redonner le goût de la victoire à notre buteur de la saison passée.
Clément a un peu plus de mal au 3ème échiquier, face à une adversaire probablement sous-classée, et qui joue crânement sa change, avec une attaque inattendue à l'aile-roi (f4 e4-e5 puis g4-g5 pour enfermer les fous noirs). Rien de dramatique, mais il est difficile de voir comment les Noirs vont percer.
Pendant ce temps, Dragos déroule son ouverture avec les Blancs, sur une Grünfeld , qu'il connaît visiblement mieux que son adversaire, si j'en crois les pendules respectives. Même si à un moment, Sébastien Midoux (contre qui j'avais sauvé miraculeusement un demi-point l'an passé en coupe contre Vitrolles) semble trouver du contre-jeu sur le grand roque de Dragos.
De mon côté j'ai égalisé avec les Noirs sur une anglaise où mon adversaire a voulu trop manœuvrer sur la première rangée. Mais rien n'est simple pour autant, et il est toujours délicat d'affronter une ouverture que l'on joue également couleur opposée : je suis donc certain que la position blanche est dangereuse si je ne fais pas attention, et je prends un peu de retard à la pendule pour jouer les coups précis. A ce moment là, au bout de 2h30, le match n'est pas encore clair.
30 minutes plus tard, tout s'éclaircit : Dragos a trouvé une façon efficace de simplifier, et il va jouer une finale 2TF vs 2TF avec un roi mieux placé, un meilleur contrôle des colonnes centrales et une meilleures structure de pion. Petit avantage sans risque et avance à la pendule, le cocktail préféré de notre MI roumain. Clément de son côté a réussi à juguler l'attaque blanche et lance une contre-attaque. Les blancs résistent, sacrifient une qualité et je me dis que ce n'est pas encore si simple, quand je vois subitement que Clément place une combinette dont il a le secret, dans le zeitnot de son adversaire, qui abandonne sur le champ. 2-0 et Dragos qui ne peut pas perdre, le match est plié.
Pour ma part, je peux donc prendre des risques pour chercher à gagner : je donne mon précieux Fg7 pour gagner le pion e2, ce qui donne des courants d'air sur mon roi mais aussi sur le roi blanc ! A double tranchant, mais mon adversaire prend alors beaucoup de temps à la pendule pour trouver la bonne façon de jouer, hésitant entre se défendre et menacer mat sur la grande diagonale. Très peu de temps après, j'ai l'impression que Dragos a blitzé sa finale et est complètement gagnant, avec son pion b qui va à dame. Il joue b7, sans craindre Tb6 grâce au coup intermédiaire Tc6+ et la finale D contre T est sans espoir. Sébastien Midoux abandonne sur le champ.
Je finis par convertir mon avantage grâce à une défense trop passive de mon adversaire, et le match est gagné 4-0. A la fin du match, il fait nuit et il pleut toujours, mais au moins nous n'avons pas perdu notre après-midi."
Pavel